Clémentine Tikida aura été une vraie pionnière de la radio et de la télévision ivoirienne qui a marqué plusieurs générations par la force de sa passion, son professionnalisme et son ouverture d’esprit. Parcourons-la.
Clémentine Tikida
L’ex-animatrice, réalisatrice et productrice de la Rti a tiré sa révérence, le 29 mai 2024, après 85 bougies sur terre. En 1996, cette passionnée de radio, de télé et de sports prenait sa retraite. Clémentine Tikida avant 1961 naissance officielle de la Radio Côte d’Ivoire avait déjà des pas avant 1960 dans les ondes de la ‘‘Radio Abidjan’’, l’ancêtre de la Radio Nationale actuelle en Côte d’Ivoire. Clémentine Tikida Afriance, en compagne de Fatou Sidibé, représentait les premiers visages de la Radio et Télévision ivoirienne (Rti).
Suivons cet autre témoignage
Clémentine TIKIDA c’est un CV impressionnant sur lequel, il faut d’abord inscrire en capitales d’imprimerie : PIONNIERE ET DOYENNE DE LA RTI qu’elle intègre en 1960 côté Radio, quand la facette télé ouvre en juin 1963.
1ère réalisatrice, rédactrice, animatrice…un triptyque qui lui est venu dans la force de son action avec une passion pour la télé. « Nous avons été choisi le 7 août 1963 pour la première émission télévision, c’était pour l’an trois de la nation. Le président Félix Houphouët-Boigny nous a fait confiance et il ne fallait pas nous louper. Notre pays avait une télé officielle et sa vitrine devait être reluisante avec de la qualité à l’écran. J’étais dans un challenge », lance-t-elle avec son sourire pur et vrai.
Et puis elle nous sort son premier contrat de travail qui affiche comme salaire : 18.000 francs CFA. Joël et moi explosons de rires!
« Vous rigolez!? J’avais déjà deux gosses et ce salaire était impressionnant. A cette époque-là, aucune facture d’eau ni d’électricité. Juste un loyer de 6000 francs à la Sogefiha de Cocody. Puis le reste entre alimentation de la famille, fringues et autres, nous étions heureux… ».
Tout en étant passionnée de télé, Clémentine va être férue de sports à risques. Et elle sera la première femme parachutiste ivoirienne dont le premier saut se situe en 1964. Une grande première pour elle. Le président Houphouët-Boigny la reçoit après cet exploit unique pour lui exprimer sa fierté nationale…19 sauts à son palmarès. Sur le 20è les ragots s’en iront dire à sa mère qu’elle prend des risques. La maman la supplie de ne plus le faire.
Le 20è saut est celui ou on déploie le parachute à un kilomètre du sol. Ce sera une énorme déception pour elle et les gens de la fédération aussi. Mais les larmes d’une mère sont à prendre en considération. CLEMENTINE se ravise de faire ce saut considéré comme celui qui allait la tuer par les langues mauvaises. Elle sera également deuxième pilote ivoirienne de rallye automobile du Bandama 1968 1969 et participe au rallye de Corse en 1974.
Son plus gros regret
La Côte d’Ivoire tient sa Marianne. Clémentine est un sucre qui reste une digne ambassadrice pour son pays. Quand on lui demande si elle a un regret dans sa vie, elle parle de cette rumeur qui aura fait d’elle une burkinabé ou une camerounaise.
« Je vais vous conter ma vie familiale. Dites-le à Facebook. Mon père s’appelait MIMI PROSPER. Il était cuisinier chez le président Félix Houphouet-Boigny. Il serait d’un village d’Issia. Je suis bété d’Issia et ma mère est de Tiassalé. TIKIDA est un prénom guinéen qui est intervenu à la maternité.
Un homme prononçait ce prénom. Et quand on a demandé à mon père mon prénom il a dit CLEMENTINE.
Alors on lui a demandé et l’autre nom? Il a dit TIKIDA! Plutôt que de dire MIMI. J’ai de l’amertume parce que, il est décédé très tôt et du coup on a plus eu de contacts avec mon côté Issia qui me manque énormément ».
On lui a fait savoir que sur les réseaux sociaux nous parlions d’elle souvent. Elle nous a souri et voulait comprendre de quoi on parlait. À 82 ans, internet pour elle c’est du charabia. La photo avec Mme Houphouët-Boigny et Mme Yacé, est un de ses plus beaux souvenirs. C’était en 1975. Elles venaient de créer l’AFI-Association…..! Il fallait une émission spéciale et elle a été choisie pour l’animer.
-Mais maman regarde comment vous êtes posées ! Quelle classe !
–Hé mon fils! Mon fils! Tu peux pas comprendre la pression que j’ai eue avant cette émission. Mme Houphouët-Boigny et Yacé ont été un moteur qui m’a permis de poser une émission propre. Elle est d’ailleurs une de mes émissions de référence. Mme Houphouët-Boigny m’a reçu après pour me féliciter. Elles m’ont offert un magnifique cadeau.
Maman Clémentine a touché à tout. Quand Henri Duparc lui donne le premier rôle dans son film « L’herbe sauvage » il croyait fortement en elle. C’était en 1977. Elle obtient le premier prix de meilleure actrice féminin du cinéma africain au cours d’une soirée à Carthage. Mais ce prix, elle n’en verra pas couleur…
1996, sonne l’heure de la retraite. CLEMENTINE s’en va… Sans tambour, ni trompette, heureuse d’avoir ajouté sa pierre à l’édifice… Avec des décorations telles que chevalier du mérite sportif, chevalier mérite national et officier du mérite ivoirien…. Quand nous prenons congé d’elle, nous lui posons cette dernière question :
– Maman, Marie Thérèse Péchot là c’est qui? Elle s’énerve un peu… « Vous savez, c’était une européenne qu’on nous a emmené pour bosser à la RTI. Elle a fait que sept mois et elle est décédée. Ça a suffi pour qu’on donne son nom à un de nos deux studios...». Jusqu’en 2018 là ! Rien à dire de plus…» écrit dans une contribution de Peck Peckisblackman.
Ce que disent quelques traces de Clémentine TIKIDA
Clémentine Tikida aura marqué la radio et la télévision ivoirienne par son charisme et son talent. Selon plusieurs témoignages, sa voix entraînante et son visage radieux ont fait de ses productions, de grands moments de radio et de télé avec des moments cultes comme ‘‘Calebasse’’, la première émission destinée aux enfants et son émission spéciale de lancement de l’Association des femmes ivoiriennes (Afi) en 1975, avec à la clé une interview avec mesdames Marie-Thérèse Houphouët-Boigny et Philippe Yacé.
Dans son exploration du monde de la communication, Clémentine Tikida s’est essayée au cinéma. En 1977, elle obtient le premier rôle dans ‘‘L’herbe Sauvage’’, un long métrage réalisé par Henri Duparc. Elle obtient même le premier prix de la meilleure actrice féminine du cinéma africain au cours d’une soirée à Carthage en Tunisie.
Tout en étant passionnée de radio et de télé, Clémentine Tikida laissera libre court à son amour pour le sport. Elle sera la première femme ivoirienne parachutiste, dont le premier saut se situe en 1964. Après cet exploit, elle sera donc reçue par le Président Félix Houphouët-Boigny, lui exprimant ainsi la fierté nationale. Clémentine TIKIDA, c’est une vie bien remplie à la Radio et à la télévision.
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HERVE MAKRE
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