Côte d’ivoire-Interview politique: «On parle d’un parti panafricain, alors les questions nationales sont  là ; ce serait comme prendre l’ombre pour la proie», l’écrivain SYLVAIN TAKOUE 

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 Par H. MAKRE ledebativoirien.net

Alors que l’atmosphère politique ivoirienne va vivre au rythme  de la naissance d’un nouveau parti politique, lancé  par l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo,  un autre ivoirien, apprécie  l’action et juge la vie du PDCI qui a  75 ans. Il salue les états  généraux de l’école et principalement Mariatou Koné  pour avoir puisé des  ides dans  son ouvrage qui lui a été dédié pour  l’école  ivoirienne…suivrez l’écrivain Sylvain Takoue

MUSEE GAGOA TAKOUE11Le sommet entre la France et l’Afrique a été rhabillé pour le 28ème, quel est votre regard en tant qu’écrivain africain ?

Que ce sommet soit rhabillé de la façon qui plaise à son organisateur, c’est-à-dire, le président de la République française, c’est le même esprit qui l’anime : celui de ce qu’on a longtemps appelé la « Françafrique ». Rien de plus. Il a seulement consisté à donner la parole à des ressortissants africains, regroupés dans une nébuleuse appelée « société civile » apolitique africaine. Quel en est l’impact sur la réalité des choses dans les vraies relations entre la France et l’Afrique? On se le demande.

Cette formule sera-t-elle productive pour les deux parties ?

Je viens de poser autrement la même question : Quel est l’impact de ce Sommet ? Je remarque seulement que ce sommet a été l’occasion pour ces Africains, dits apolitiques, qui y ont eu un mot à dire, de réveiller les récriminations que nous connaissons déjà depuis trop longtemps. Un maître-mot est revenu dans l’ensemble des prises de parole : la dénonciation. On a dénoncé les problèmes existentiels de l’Afrique. D’accord, et après ? Allait-on s’attendre à ce que, de retour à l’Elysée, le président français prenne un décret d’abolition de la « Françafrique de Charles Gaulle et de Jacques Foccart?

Les réalités ivoiriennes étant là, l’Ecole est au centre de grosses réflexions dites « états généraux ». Comment percevez-vous cette situation, quand la presse retient que vous avez sorti, bien avant, un ouvrage portant sur la ministre Mariatou Koné ; ouvrage qui, à la lecture,  renferme toutes les idées développées à ces états généraux ?

ecole ivoirienne takoue et maratou kone2Ce qui me réjouit, est que mon livre  »MARIATOU KONE: ECOLE IVOIRINNE, LE GRAND RETOUR » a beaucoup inspiré les premières décisions des ces états généraux, qui sont appliquées dans le programme scolaire actuel. Par exemple, le retour de la Dictée française dans le système éducatif national. C’était l’un des points phares de ma plaidoirie exposée dans ce livre. C’était capital qu’un écrivain ivoirien sorte un livre pour rappeler aux décideurs politiques les humanités concernant la littérature d’expression française. Un pays où la jeunesse ne sait même pas s’exprimer correctement en français, ni l’écrire de façon irréprochable, n’est pas encore une République.

La Côte d’Ivoire vit une accalmie relative, selon vous, qu’est-ce qui peut l’expliquer ?

La Côte d’Ivoire est loin d’être comme dans un roman à l’eau de rose.

Au plan politique, le Pdci est en colloque pour la clôture des festivités des 75 ans de ce parti. Puis Laurent Gbagbo vient de créer son parti politique à la dimension dite panafricaine. En tant qu’écrivain, quelle analyse faites-vous de ces actions politiques en Côte d’Ivoire ?

Je n’en sais rien. Que voulez-vous me faire dire ? Chacun fait ce qu’il pense normal. Ce n’est pas dans un esprit anticonstitutionnel que se fait ce dont vous parlez. Donc, chacun pose les actes politiques qui lui semblent bons. La vraie question est de savoir si ces actions, dont vous parlez, sont ce que la Côte d’Ivoire attend aujourd’hui. Par exemple, le Pdci est en festivités, pendant que le pays en attend tout autre chose. Des festivités glorieuses sont organisées dans ce vieux parti, alors que l’opposition politique, à laquelle ce parti appartient, a du pain sur la planche et que des causes sociales attendent toujours d’être portées en lutte. Je ne sais pas si on vit dans le même pays, face aux mêmes réalités existentielles.

laurent gbagbo et sylvain takoue pour le nouveau parti 1L’autre point, c’est le nouveau parti « panafricain » de l’ancien président Laurent Gbagbo, annoncé en fanfare sur tous les toits. J’entends qu’on parle beaucoup d’un parti panafricain en création, alors les questions nationales sont là, attendant qu’on s’y penche. Il me semble que ce serait comme prendre l’ombre pour la proie. Ou bien, comme regarder ailleurs, alors que la poutre est dans nos propres yeux. On ne balaie pas devant sa propre porte, qu’on se lance déjà dans une vaste opération panafricaine de balayage ? Là aussi, je ne sais pas à quoi cela répondrait. Que l’ancien président crée un nouveau parti, n’est pas extraordinaire. Mais qu’on n’ait pas fini de régler les problèmes nationaux, et qu’on se donne une dimension panafricaine, je me pose beaucoup de questions quant à la suite des choses.

Quels sont vos projets actuels, au-delà de votre équipe de football, et de votre ouvrage sur Mariatou Koné, ministre de l’Education ?

Je suis en travail. Comme l’océan qui ne renonce jamais à son mouvement naturel de flux et de reflux. C’est perpétuel pour un écrivain d’être toujours en travail. Je prépare donc mes prochains livres, dont un roman qui sort sous peu, et qui est intitulé « Meurtre chez Dieu ». Littérature, réflexions politiques, actions culturelles, voilà ce à quoi je suis voué.

 Par H. MAKRE

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