Anne-Marie Konan Payne, une brillante publicitaire qui a véritablement été révélée au grand public non spécialiste des questions de publicités, par sa magistrale gestion de l’outil qu’elle aura contribué à mettre en place : le CICG-centre information et de communication gouvernementale. Elle aura été la figure parlante et la mascotte de cet incontournable instrument de diffusion des informations gouvernementale, jusqu’en 2017. Aujourd’hui, Conseillère spéciale du Premier Ministre, elle partage sa lucidité au public, avec ledebativoirin.net.
Comment est venu cet amour pour la Communication et, le meilleur souvenir que vous gardez?
Quand on est enfant, on se projette dans des métiers. Et, j’ai toujours dit que je voulais être, soit diplomate, soit journaliste ; sans peut-être trop savoir ce que c’était ce métier. Et c’est ainsi, qu’en 1994 j’ai ouvert une agence de communication globale, l’Agence Pluricom.
Je peux dire que je suis venue à ce métier par passion. C’est un métier que j’aime profondément. Parce que c’est un métier de curiosité. C’est un métier de contact. Une des plus grandes satisfactions, ce que j’ai considéré comme un résultat majeur, c’est lorsque le président Alassane Ouattara a pris le décret portant création, organisation et fonctionnement du Centre d’Information et de Communication Gouvernementale.
Pour moi c’était le cap à atteindre. Parce que, en 2003, lorsque l’arrêté a été pris, l’objectif, le résultat était d’inscrire la communication gouvernementale, comme une entité dans l’action gouvernementale. Ce décret a permis d’instituer le CICG.
Donc, je pense que ça reste un des moments très importants, c’était en juillet 2012. Cela a été vraiment une grande satisfaction de voir ce décret pris et de voir que le CICG continue de fonctionner. Et ça reste ma conviction que, le premier des services publics est l’information…
Quel regard portez-vous, Anne-Marie Payne Konan sur la Journée des Nationale des Femmes des Médias et dans les Médias qui était à sa première édition en mars 2022 ?
Effectivement j’ai participé avec beaucoup d’honneur à cette première édition. Et j’en ai tiré la leçon que, chaque fois que les femmes se mobilisent pour essayer de faire avancer une profession, un métier, essayer aussi de faire avancer toutes celles qui pratiquent ce métier, si nous sommes sollicitées, c’est un devoir pour nous de les accompagner, comme nous pouvons.
Et j’ai beaucoup appris. J’ai rencontré beaucoup de personnes que je connaissais. Je ne peux que les encourager. Je pense que l’institution de cette journée dite JNFM est quelque chose d’important, parce que la femme, on essaie de la différencier, alors qu’elle ne peut pas être différenciée. Parce qu’elle est au cœur. Elle est le moteur de tout ce que nous faisons. Elles décident juste de faire les choses comme elles ont envie de les faire.
Il y a qu’après cette activité l’un des acteurs de ladite journée l’OFREPCI, lance son programme d’activités 2022-2023 qui consistera aussi à présenter le premier journal en ligne des femmes en Côte d’Ivoire. Qu’en dites-vous ?
Je pense que c’est toujours avec beaucoup de plaisir que je veux accompagner cette association avec à sa tête madame Soko, qui est très dynamique, très engagée. Je voudrais déjà la féliciter et toute son équipe d’essayer de faire les choses comme il le faut, c’est-à-dire, déjà présenter un plan d’action.
Et puis lancer un journal en ligne pour les femmes, cela ne peut qu’être une initiative heureuse. Les femmes ont besoin d’espace pour s’exprimer. S’exprimer non uniquement sur les femmes, mais s’exprimer sur toutes les questions de la société dans laquelle elles évoluent.
Madame Anne-Marie Payne, est-ce que les femmes ivoiriennes se prononcent beaucoup sur ce qui les intéresse, Est-ce qu’elles sont investies dans le développement de leur pays ?
C’est une question qui est très souvent traitée et qui est toujours traitée à travers un certain nombre de programmes et bien souvent accompagnée par un certain marketing linguistique. Parce qu’il y a très longtemps, il était question de ‘’condition des femmes’’, ensuite ‘’émancipation des femmes’’, ‘‘promotion de la femme’’, aujourd’hui c’est, ‘’autonomisation de la femme’’ qui est le mot le plus utilisé, lorsqu‘on parle de la Femme et de sa position dans notre société.
Permettez-moi de dire, qu’elle est mon entendement lorsqu’on parle de développement. Pour moi, le développement c’est vraiment un processus qui est mis en place, avec pour finalité, le bien-être social. Que ce soit pour le bien-être individuel, le bien-être de la famille, le bien-être professionnel de la communauté, et de son pays; parce que c’est l’addition des ‘‘bien-être’’ mis ensemble qui fait le bien-être de tout un pays.
Si on le définit ainsi, alors pour moi la Femme est au cœur de ce bien-être. Nous tous, nos premiers instants de bien-être sur cette terre a été certainement dans les bras d’une femme, de nos mamans. Forcément elle joue un rôle important. Je pense qu’on pourrait envisager ‘‘Femme et développement’’ à partir de trois leviers.
Le premier levier c’est ‘‘ETRE’’.
On naît féminin, on devient un Femme. De mon point de vue, ce qu’on appelle le programme de développement personnel doit être l’un des premiers outils qu’on doit apprendre aux filles. Le développement personnel qui est une quête, qui est un cheminement, on doit vous l’apprendre.
Mais, faire des choix, parce que vous êtes une femme, en tenant compte que vous êtes. C’est très important. C’est ce que j’appelle l’espace du dialogue personnel. C’est un dialogue avec vous-même et dont l’objectif est de trouver en vous, vos points d’équilibre. Ce sont ces points d’équilibre qui vous permettent d’aller plus loin.
Le deuxième point que je vois, c’est le SAVOIR-ETRE.
Effectivement, on naît féminin et on devient une Femme. Et lorsqu’on est une Femme, il y a une manière d’être qui s’impose à vous. Parce qu’il ne faut jamais perdre de vue que, nous femmes, nous avons reçu une faveur divine. Cette faveur divine, c’est de pouvoir enfanter. C’est-à-dire, être porteur de la continuation de l’espèce humaine. Si la femme ne fait plus d’enfant, l’espèce s’éteint. La femme est le prolongement de la vie du futur. Elle est celle qui crée le capital humain. Et aujourd’hui dans tous les plans de développement, on parle du développement humain. Mais au commencement de ce capital humain, il y a une Femme. C’est pour cela qu’elle est porteuse dans nos sociétés de ce développement, de ce bien-être.
Et cela est très important à travers les valeurs qu’elle doit porter dans la société. C’est ce que j’appelle l’espace de la responsabilité et des devoirs. Vous avez l’espace du dialogue intérieur et l’espace de la responsabilité. Si vous n’avez pas appris à être bien, à développer vous-même votre bien-être, vous ne pourrez jamais le créer, ni dans votre famille, ni dans votre communauté, ni dans votre entreprise, encore moins au service du pays.
Donc, c’est très important que ce deuxième espace soit un espace qui se construit, c’est l’espace de la responsabilité et du devoir de la femme. Vous ne pourrez pas vous échapper à cela. Donc, vous devez savoir être Femme dans votre famille, dans la communauté et dans l’entreprise etc.
Le troisième espace c‘est le ‘‘SAVOIR-FAIRE’’
C’est l’espace de la réalisation. La femme, qu’elle le veule ou pas, c’est celle qui a à charge la famille, du premier noyau. En fait, c’est la première cheffe d’entreprise si nous considérons la famille comme une petite entreprise ; comme une première institution, comme le disent les sociologues.
Donc à partir de là, vous imaginez ce qu’elle est capable de faire dans la transformation d’une société par l’éducation qu’elle doit donner. Donc, elle est capable de façonner des filles et des garçons capables de porter le développement d’un pays.
Donc son rôle est important dans ce domaine. Tout comme elle-même en ayant conscience des deux espaces dont j’ai parlé, elle est aussi un acteur du développement. Elle peut se réaliser sans trop de renoncement. Parce que ça aussi, c’est un aspect qu’on oublie de dire aux femmes.
La femme est constamment sollicitée pour faire des choix. Le choix entre ici, professionnellement et faire des enfants. Le choix entre renoncer à son travail parce qu’on a une incompatibilité avec le travail de son mari. Le choix entre dix mille choses. Certains métiers qui sont contraignants. J’en profite pour lancer un clin d’œil à toutes mes sœurs journalistes reporters. Parce que c’est l’un des métiers les plus difficiles et, je me demande toujours comment elles font pour assumer l’espace 2, qui est l’espace de la responsabilité.
Parce qu’elles laissent certainement des enfants à la maison pour aller faire des reportages et je suis sûre qu’elles ont une petite partie du cerveau qui reste à la maison, pour être sûr que tout se passe bien.
Voilà un peu les trois espaces qui me semblent être des espaces qui imposent la Femme comme l’épine dorsale du développement dans n’importe qu’elle société. L’espace du dialogue avec elle-même pour assurer son développement personnel, l’espace des responsabilités et des valeurs où elle négocie pour devenir ce qu’elle voudrait être; et parfois, elle n’est que ce qu’elle a pu être.
Et enfin, l’espace de la réalisation où elle contribue à façonner des hommes, à donner de l’expertise et en permanence en train de négocier des intersections où elle peut s’assumer totalement en conservant son bien-être.
Voilà? moi le clin d’œil que je voudrais faire en sortant de tout ce qui est, taux de croissance, taux de pauvreté, pour vraiment pour me recentrer sur ce que je pense être : ‘’femme et développement’’. C’est-à-dire, le premier acteur de construction du bien-être dans notre société. Voilà ce que je voudrais partager.
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HERVE MAKRE
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