Interdiction des plastiques en Côte d’Ivoire-l’effet CODINORM dans la violation du Décret: ce que Mambé et Assahoré vont faire ce mercredi 6 mars 

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L’imbroglio autour du respect et de l’application du décret 2013-327 du 22 mai 2013 signé par le Président de la République Alassane Ouattara, interdisant la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des sachets plastiques en Côte d’Ivoire commence  à devenir un labyrinthe d’intérêts. Ce qui appelle à réveil vif du gouvernement  ivoirien.

Interdiction des plastiques en Côte d’Ivoire-rôle joué par CODINORM dans la violation du décret: ce que Mambé et Assahoré vont faire ce mercredi 6 mars

Une réunion d’urgence convoquée uniquement sur la problématique de l’application effective du décret 2013-327, ce mercredi 6 mars 2024, sera présidée par le Ministre de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, Jacques Assahoré Konan en présence du Premier ministre. C’est dire qu’il y a vraiment urgence.

Une décennie plus tard, voilà que l’application simple d’un décret pris et salué par tous les acteurs du développement en Côte d’Ivoire devient problématique. Alors que celui-ci permettrait le respect de l’environnement et la protection des populations dans une ambiance monstrueuse du réchauffement climatique dézinguant tout.  Qu’est-ce qui coince ?

Les réflexions de ce mercredi 6 mars 2024 livreront certainement un début de compréhension. Conscients de l’importance du  respect du  décret présidentiel, le Ministre Assahoré Konan et le Chef du gouvernement, Beugré Mambé, se feront  fort de participer activement  à  la  réunion qui  permettra de passer en revue l’impact du décret de l’interdiction dans l’industrie du ciment en Côte d’Ivoire, signé par le Président de la République, qui interdit l’utilisation du plastique en Côte d’Ivoire.

C’est qu’en dépit du décret du chef de l’État, depuis 2019, selon des informations  proches du dossier, des ministères ont autorisé par arrêté l’utilisation de l’emballage plastique pour les sacs de ciment produits ou importés en Côte d’Ivoire. Quelles sont les conséquences de cette situation ? Mais voilà, il y a  tout de même que quelques faits permettant juste d’appréhender l’environnement du brouhaha autour du décret de 2013.

L’ambiance de son application

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Selon l’esprit et la lettre du décret 2013-327 du 22 mai 2013 signé par le Président de la République, interdisant la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des sachets plastiques en Côte d’Ivoire, des opérateurs économiques ont investi près d’une quinzaine de milliards de francs CFA. Implanté ainsi en Côte d’Ivoire, la plus grande usine de fabrication de sacs en papier Kraft de l’Afrique de l’Ouest. L’usine aura permis au pays d’atteindre une  autosuffisance en sacs pour l’ensachage du ciment. Ce qui permet d’éviter l’importation de papier d’emballage de ciment.

Selon des informations transmises aux autorités et aux services fiscaux, le chiffre d’affaires réalisé entre 2017 et 2023 s’élève à plus de 151 milliards de FCFA, dont plus de 106 milliards en produits d’exportation vers la sous-région.

Mais, voilà qu’en 2018, alors que les sacs de ciment sont  conditionnés dans du papier Kraft, Codinorm (Côte d’Ivoire Normalisation-une association ivoirienne à but non lucratif et reconnue d’utilité publique créée le 24 septembre 1992 par le secteur privé et l’Etat et regroupant en son sein plus de 234 entreprises),  permet l’utilisation de sacs en polypropylène (plastique). Face à cette situation, le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, apparemment pris de court, signe l’arrêté N°065MCIPPME/CAB du 14 décembre 2018 définissant les sacs en papier comme le seul type d’emballage autorisé pour le conditionnement du ciment produit localement ou importé et destiné à la vente en détail en Côte d’Ivoire.

Ils sont bien malins  

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A la grande surprise de tous, le 14 mai 2019, le même ministère abroge son propre arrêté de 2018 avec l’arrêté N°318/MCIPPME/CAB du 4 mai 2019.  Le même jour, le 4 mai 2018 un arrêté interministériel (N°319/MCIPPME/MINAS/MINEDD), est signé conjointement par :

 Le Ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, le Ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, et le Secrétaire d’État auprès du Premier Ministre, Chargé du Budget et du Portefeuille de l’État, autorisant les sacs en papier et en polypropylène pour le conditionnement du ciment.

Un contrepied parfait au décret N°2013-327 du 22 mai 2013 pris par le Président de la République. C’est-à-dire, qu’une association ou un groupement de ministres dépasse les compétences du chef de l’Etat. Incroyable !

Le désastre dans la violation du décret

La décision interministérielle rangeant sagement  le décret du président Alassane Ouattara et autorisant donc l’utilisation simultanée des deux types de sacs (papiers et polypropylène) aura un impact environnemental négatif considérable en Côte d’Ivoire. Contrairement aux engagements pris, ces sacs en plastique ne sont pas biodégradables, et aucune action de recyclage significative n’a été entreprise depuis lors par les industriels concernés.

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Rien que de la poudre aux yeux ! Chaque sac rejeté dans la nature pollue la faune et la flore avec une durée de vie avoisinant 500 ans, ceux qui ont  pris la décision de violer le décret ne verront même pas le coût astronomique sur l’environnement et sur la santé des générations futures.

Depuis 2019, ce sont plus de 200 millions de sacs en polypropylène utilisés en Côte d’Ivoire, se retrouvant inévitablement dans la nature pour des décennies, comme le rapportent  plusieurs rapports. « Les possibilités de recyclage des sacs de ciment usagés en polypropylène sont limitées, d’une part, parce que les structures de recyclage sont peu nombreuses en Côte d’Ivoire et ne couvrent pas tout le territoire, et d’autre part, parce que la collecte des sacs usagés est peu développée, voire inexistante dans de nombreuses régions.

Le développement de l’utilisation des sacs en polypropylène en Côte d’Ivoire va à l’encontre des engagements pris par le pays, notamment ceux pris lors du Sommet Mondial de l’Action pour le Climat (COP), et porte atteinte au statut de leader régional de la Côte d’Ivoire en matière de protection de l’environnement. De nombreux pays africains, ainsi que d’autres à travers le monde, ont banni l’utilisation du sac en polypropylène en raison de son impact négatif sur l’environnement », confie un expert de l’Environnement.

Le Ghana dépasse la Côte d’Ivoire

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Le Ghana contrairement  à la Côte d’Ivoire a pris une position ferme contre l’utilisation du sac en polypropylène dans l’industrie du ciment. L’aAgence de Protection de l’Environnement au Ghana a publié le 30 novembre 2023 une décision interdisant l’utilisation de ces sacs, sous peine de sanctions financières importantes.

Cette situation met en lumière les défis rencontrés par la Côte d’Ivoire dans la gestion des déchets polluants et non dégradables, ainsi que l’objectif compromis de devenir un acteur majeur dans l’industrie des sacs en papier Kraft.

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« La dynamique prometteuse est aujourd’hui menacée par l’ancrage et le développement rapide du sac en polypropylène, en contradiction avec le principe pollueur-payeur. La restauration de l’arrêté N°065 MCIPPME/CAB du 14 décembre 2018, qui stipule que seuls les sacs en papier sont autorisés pour le conditionnement du ciment en Côte d’Ivoire, pourrait aider à consolider le leadership du pays dans la protection de l’environnement au niveau régional », explique une source ministérielle.

Le Premier ministre Beugré Mambé et le ministre en charge du dossier Assahoré Konan à l’action

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Mai 2019, une réflexion sur la nécessité d’ajuster ou de modifier le décret en question est apparue impérative devant  les engagements internationaux et le développement durable du pays semblaient compromis pour la Côte d’Ivoire. Il est apparu crucial de reconsidérer l’approche actuelle permettant des arrêtés contradictoires de contournement du décret présidentiel.

La position du Premier ministre Robert Beugré Mambé et du ministre de l’Environnement Jacques Assahoré Konan, traduite  par l’urgente réunion du mercredi 6 mars 2024, présente une volonté de clarifier la situation et de réaffirmer les engagements de la Côte d’Ivoire en matière d’environnement et de développement durable.

Il y a urgence et les deux membres du gouvernement sont  décidés  à prendre les taureaux par les cornes pour le respect des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire et assurer un développement durable en harmonie avec l’environnement. Des mesures fortes sont attendues de cette rencontre.

ledebativoirien.net

GRACE OZHYLLY


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