ABIDJAN-Attention !: «L’ETAT NOUS A RUINÉS…TROP C’EST TROP, QU’ON NOUS TUE  A BALLES REELLES.L’AFFAIRE AUX MAINS BOUREHIMA OUATTARA», crient  les  fournisseur de l’armées

  DSC_0000457  Un  ventre affamé n’aura point d’oreille ! La grande muette va être au centre de violentes perturbations ces  jours-ci. C’est  dire que plus rien ne va entre les  fournisseurs en denrées alimentaires de l’armée et la direction qui gère le paiement.  Ngolo Diabaté, opérateur économique dans le secteur de la boulangerie et porte-parole des fournisseurs de denrées alimentaires de l’armée, n’en  peut plus. «Nous exigeons le paiement intégral des 40 milliards de FCFA que l’Etat nous doit. Sinon nous sommes  prêts  à recevoir les balles dans la poitrine», en compagnie de quelques fournisseurs, il s’ouvre à ‘’ledebativoirien.net’’ dans l’enceinte de la bibliothèque nationale à Abidjan. Une question de mémoire et d’archives. Entretien !

Vous vous faites subitement entendre ces jours-ci. Depuis quand et comment êtes-vous devenus fournisseurs de l’armée ?

Nous sommes de plusieurs rangs de fournisseurs et certains d’entre nous des fournisseurs de belles lurettes. Mais la crise qui nous concerne date de depuis 2011. Nous fournissons des denrées alimentaires à la Direction du Commissariat de l’armée la DIRCA.

Mais d’où vient-il que vous exigez de l’Etat 40 milliards de francs au titre de fourniture de denrées alimentaires?

forunisseursL’Etat nous doit effectivement de l’argent. C’est, qu’après la crise postélectorale, nous avons commencé à fournir les casernes, dans les moments de détresse totale. Les factures ont été réglées jusqu’en mai 2012. Mais dès juin alors que nous continuons d’approvisionner les casernes le règlement des factures s’est arrêté. Donc de cette période jusqu’à décembre 2012, aucune facture n’a été réglée. Cela faisait huit mois de retard. Ce sont des arriérés. Par la suite les responsables de  l’armée ont diligenté un audit.

A la suite, il a été avéré que la totalité des factures avoisinait 40 milliards de francs CFA. Certaines factures ont été rejetées après l’audit. Ainsi  dans les 40 milliards, les factures qui ont été acceptées par le Commissariat des armées, s’élevaient à 27 milliards…Ce que nous avons acquiescé. Maintenant que cette note a été acceptée, nous demandons qu’on nous la règle d’abord avant que nous ne posons le problème des factures rejetées. Il y a eu un début d’exécution de règlement desdites factures acceptées en 2014.

Puis, plus rien ! Nous disons pourquoi ? La situation est dure. Nous avons des charges et du  personnel qui dépend de nos activités. Certains d’entre nous sont morts. Le problème, c’est que l’Etat fait croire à l’opinion que la dette intérieure a été réglée. Imaginez-vous, quelqu’un à qui vous devez et qui voit à la télévision nationale que la dette intérieure est payée. Votre créancier vient tout naturellement vers vous pour exiger que vous régler  votre créance.

Tout comme nous sommes  les fournisseurs de l’armée, nous avons des fournisseurs nous aussi. Donc, nous sommes poursuivis un peu partout. Nous sommes  obligés de vivre cachés. Nous sommes livrés à nous-mêmes par la faute de l’Etat. En tout cas, si rien n’est fait dans ces temps-ci, nous allons entreprendre des actions de grande envergure. Il est préférable qu’on tire sur nous et qu’on nous tue que de vivre ainsi ! C’est  mieux de mourir!

Avez-vous mené des démarches auprès des autorités de  l’armée?

DSC_0000463En 2013, nous avons été reçus à notre demande, par le ministre Paul Koffi Koffi. Il nous a dit que l’audit est terminé et que les factures acceptées seront publiées et que le Président de la République était informé de la situation. Effectivement, la liste a été publiée…De 2013 jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait…

Après Paul Koffi Koffi, nous avons rencontré le Commandant des forces terrestres à Akouédo, le général Gaoussou à qui nous avons posé le problème. Il était surpris et nous a demandé de rédiger un courrier memo dans lequel nous expliquons l’affaire et que ce sera un élément pour lui pour qu’il rencontre le Président de la République. A ce jour, nous n’avons pas de suite. Nous n’arrivons même plus à le joindre sur son téléphone.

Est-ce que le chef de l’Etat, chef suprême des armées a été saisi de la situation ?

Aujourd’hui, nous voulons nous-mêmes rencontrer le chef de l’Etat, d’autant plus qu’on n’a pas d’interlocuteur. Nous nous  interrogeons si au niveau de la DIRCA qui est la Direction du Commissariat de l’Armée, le problème lui a été vraiment posé. On ne saurait le dire. Au titre de ce que l’armée nous doit, trois mois ont été payés, c’est-à-dire mai, juin, juillet, il reste encore cinq mois d’arriérés pour 2012. Pour 2015, il reste 7 mois d’arriérés. Ces sommes d’argent sont évaluées à 40 milliards francs CFA. Et ce sont  près de 2000 fournisseurs qui sont concernés par cette affaire.

Un nouveau ministre de la défense vient de prendre fonction…

DSC_0000456Nous allons le rencontrer le plus urgemment possible. S’il peut nous aider à résoudre ce problème, il aura sauvé des ivoiriens qui ont investi dans les affaires et qui sont partenaires à l’Etat de Côte d’Ivoire.

Que comptez-vous faire si vos factures ne sont pas payées ?

(Il prend un air grave) Nous demanderons à nos collègues de ne plus livrer dans les casernes  Nous allons faire des sit-in pour nous faire entendre. Nous ferons des marches; advienne que pourra. Nous sommes déjà dans le gouffre. L’Etat nous a ruinés. Il est préférable qu’on nous tue  à balles réelles. Notre crédibilité a déjà pris un coup auprès de certains de nos partenaires. On ne peut pas à longueur de journée dire que l’Etat accompagne les PME et détruire celles qui sont déjà en activité. C’est inadmissible ! On nous dit après investigation que l’affaire est dans les mains du ministre des affaires présidentielles Boureïma Ouattara. Surtout que l’audit a été diligenté au sein de la présidence, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de le rencontrer.

 

Colère des fournisseurs
Colère des fournisseurs

C’est  pourquoi nous invitons tous les fournisseurs à la mobilisation et leur demandons de rester à l’écoute des mots d’ordre prochains que nous allons lancer. Nous demandons au président de la République, à la première Dame, au ministre des affaires présidentielles, au ministre de la Défense et à toute bonne volonté  de régler cette situation ! Il faut que ce problème soit résolu au plus vite et une bonne fois pour toutes. Nous n’en pouvons plus. L’Etat nous a ruinés. On nous avait demandé de rester muets parce que nous travaillons avec la grande muette, mais trop c’est trop !

Entretien par HERVE MAKRE

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