ABIDJAN:POURQUOI UN RÉFÉRENDUM DANS LA PRÉCIPITATION QUE CACHE-T-ON AVEC QUELQUES DOIGTS  AUX IVOIRIENS?

Alassane Ouattara et le réferendum

  Un débat que les Ivoiriens devraient suivre de près ! Cette question de référendum auquel on demande déjà aux ivoiriens de répondre de vote2répondre  par un «OUI», c’est d’ailleurs le jeu du référendum qui reste par conséquent  un suffrage  ouvert. Mais  on répond «oui» à quoi ? Et  pour quoi ? Et pour qui ? Est-ce dans l’intérêt d’un individu, ou d’un groupe d’individus ?  Ou pour la nation-peuple ?  Toute la question. Mais avec un président d’une couleur politique RHDP et un vice-président d’une autre couleur politique RHDP, les choses pourraient alors paraître beaucoup plus acceptables pour tout le monde.   Une nouvelle Constitution qui est en cours pour le vote !

 

ET DANS TOUT ÇA, COMBIEN VONT COÛTER LE RÉFÉRENDUM ET LES LÉGISLATIVES AUX IVOIRIENS?

Ces élections qui s’annoncent resteront elles  aussi très chères consultations électorales. L’on a encore en mémoire qu’arrêtée à 30 milliards FCFA dans le budget national 2015, le coût de la présidentielle d’octobre 2015 en Côte d’Ivoire a explosé pour avoisiner les 60 milliards FCFA. Annoncé dans le discours  à la nation de nouvel an du chef de l’Etat ivoirien pour le premier semestre, le referendum constitutionnel si cher à Alassane Ouattara, tout comme les législatives en fin 2016 devraient avoisiner épouser la même tendance inflationniste.

votePour l’heure, la commission électorale indépendante présidée par l’indéboulonnable Youssouf Bakayoko, ex-ministre des affaires étrangères de Laurent Gbagbo et oncle d’Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, dispose d’un  budget prévisionnel de 20 milliards FCFA pour l’organisation de ces deux consultations. Une enveloppe de 1.9 milliards FCFA est par ailleurs prévue au titre des salaires des agents électoraux.

C’est dire que l’on n’est pas loin de l’envolée qu’a connu le budget de la présidentielle quand on sait que le référendum présente un enjeu malgré son contenu  inconnu auquel il faut dire OUI, couplé aux scrutins législatifs et municipaux ou même régionaux, vite on passe par cinq fois l’enveloppe.

Toutefois ce texte de la Loi fondamentale à soumettre au référendum n’est pas encore disponible que certains cadres comme Philippe Légré demandent déjà aux ivoiriens de voter « OUI ».

Que veut-on imposer aux Ivoiriens?

  De la révision de la Constitution : les articles 124 à 127 traitent de la révision. Ils   définissent qui en a l’initiative ; le Président de la République et les membres de l’Assemblée nationale, art. 124. Les conditions du vote de l’Assemblée nationale permettant la prise en compte
de la proposition de révision à la majorité des deux tiers. Dans certains cas, il est obligatoire de mettre en place un référendum, notamment si le changement proposé concerne l’élection du président de la République. Avec  ici en Côte d’Ivoire la polémique autour de l’article 35. Sinon, une majorité des quatre cinquièmes à l’Assemblée nationale est suffisante art. 126,  pour  un hémicycle unicolore,  point besoin de referendum.

cote-divoire-voteMais lors de sa campagne électorale, le président Alassane Ouattara, avait promis de modifier la Constitution s’il était réélu. Il est élu et c’est ce qu’il  annonce avec son souhait de modifier l’article 35 voté en 2000 et qui a consacré l’ivoirité-un des facteurs de trouble entre 2000 et 2010. L’article exclut tout candidat à la présidentielle n’étant pas d’origine ivoirienne, de père ET de mère.

Modifier  la Constitution, pourquoi maintenant ?

Pour, des observateurs, il y a sans doute un peu de stratégie politique là-dedans. On peut imaginer que s’il avait procédé à une consultation populaire sur ce sujet de la Constitution lors de son premier quinquennat, d’abord cela lui
aurait pris certainement beaucoup de temps au détriment de choses plus urgentes, selon ses priorités. Ensuite, il aurait dû se soumettre par référendum au choix, à la décision du peuple ivoirien. Or, politiquement parlant, il n’est pas certain qu’il aurait obtenu dans le contexte post-électoral de 2010, et cela malgré sa victoire présidentielle, un OUI franc et massif pour procéder à cette réforme via une consultation populaire.

Aujourd’hui, après sa victoire écrasante au premier tour de la présidentielle, n’ayant plus à espérer un nouveau mandat puisqu’il est reconduit pour son second et dernier quinquennat, la voix est plus libre que jamais, les circonstances plus favorables à une consultation du type referendum qui, si elle est adoptée, sera un succès de plus, et si elle est rejetée, n’aura pas de conséquence immédiate sur son quinquennat.

referedum
Modifier l’article 35?

Il est vrai que l’article 35 est l’article qui cristallise toutes les critiques, toutes les tensions et qu’il est clairement ciblé par Alassane Ouattara, lui il explique qu’il s’agissait d’enlever tous les germes potentiellement conflictuels de la Constitution actuelle. «Nul ne doit être exclu en raison de sa religion, de son origine, de son ethnie ou de la couleur de sa peau».

 Mais ce n’est pas le seul point que M. Ouattara veut voir modifié dans cette Constitution qu’il veut moderniser. Ainsi, il est question d’assouplir les règles et critères d’accès à la magistrature suprême. Outre la suppression de l’article 35, il  souhaite que l’on puisse postuler à la présidentielle dès l’âge de 35 ans, voire peut-être 30 ans, c’est-à-dire d’abaisser l’âge limite requis, qui est de 40 ans à l’heure actuelle et qui est limité à 75 ans pour les plus vieux.

Il souhaite également que le président ait le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale pour pouvoir disposer d’une majorité au sein du pouvoir législatif, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. Toujours dans le cadre des réformes de la Constitution, Alassane Ouattara veut introduire le concept de vice-présidence, qui n’existe pas, et qui pourrait être calqué sur les modèles des voisins ghanéens ou nigérians. Ici, il alassane ouattara et le réferendum faut peut-être voir un article de la Constitution qui serait parfaitement taillé aux mesures du projet politique du RHDP, qui est de fondre l’ensemble des partis de la majorité, à commencer par le RDR de Ouattara et le PDCI de Bédié, en un seul et unique parti. Il s’agit pour eux de préparer l’avenir pour la présidentielle de 2020.

On a beaucoup parlé d’alternance après le désistement du PDCI en faveur d’Alassane Ouattara lors de l’Appel de Daoukro. L’idée serait de renvoyer l’ascenseur politique en 2020 avec un candidat d’obédience PDCI. Beaucoup de gens ont du mal à y croire, ici, à Abidjan, tant les appétits des successeurs de Ouattara paraissent aiguisés.

Les Ivoiriens sont attentifs !

HM

© 2016, herve_makre. All rights reserved.

Du même auteur