Par H M
GHANA. Six ans et le mur de méfiance ! Ils sont estimés à 40.000 réfugiés Ivoiriens dont 20.000 au Liberia, 11.000 Ghana, 7.000 en Guinée Conakry, depuis la crise post-électorale ivoirienne, de 2010-2011. La majorité est fatiguée d’être en exil, puisque le HCR a suspendu son assistance, en septembre 2015 sur instruction du régime d’Abidjan, créant une condition pénible humanitaire. Une visite touristique avec tous les projecteurs de l’Etat aux 11000 ivoiriens pro-Gbagbo, réfugiés au Ghana et vivant dans des camps de réfugiés. Mais, et après ?
Tout est dans l’esprit. Car les actes ne sauraient trahir la pensée. Tendre la main piégée, est-ce un vrai jeu ? De dupes ! On attire alors qu’on essuie les geôles…puisque certains ténors du pouvoir d’Abidjan n’ont en rien, fait évoluer leur pensée vis-à-vis de leurs vis-à-vis d’hier. Eux, les tenants du pouvoir d’hier. Triste réalité à l’ivoirienne. Mais elle est là et implacable.
« Le malaise est profond et il convient à présent de mettre un accent particulier sur les initiatives en faveur de la réconciliation », appelait Mgr Siméon Ahouanan, président de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV). L’Eglise catholique a beau hurler, elle est perçue comme cette entité religieuse qui a été aux côtés du régime déchu ! Ses cris ne seront perçus que comme l’écho d’un soutien aux alliés ‘‘perdus’’. Le régime d’Abidjan a lui, ses ‘‘prieurs’’. Mariatou Koné peut se donner de la peine, mais pour une politique de la pourriture de la situation.
Puisque, lors de sa visite au Ghana, la Ministre ivoirienne de la solidarité, de la cohésion sociale et de l’indemnisation des victimes a correctement saisi le message de ses échanges avec plusieurs des leaders exilés au Ghana entre autres Niamien Messou, secrétaire général du syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur-SYNARES, le commandant KAKOU BROU dit KB leader de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’ivoire-FESCI ou encore Franck Yaon de la galaxie des jeunes patriotes : la forte méfiance face à la menace qu’ils représentent une fois le sol ivoirien foulé !
Du 11 au 15 mai 2016, Mariatou Koné a été mise en mission au Ghana en vue du retour des ivoiriens qui y sont en exil. Très salutaire mission. Mais avec quel objectif et enjeu? Car si les esprits sont au stade de 2010-2011, cette mission perçue par certains observateurs comme délicate, n’en valait pas le peine. Sinon, ne consistant qu’à montrer aux yeux des même observateurs que le régime peut se désengager désormais de la division perceptible entre eux, les tenants du pouvoir et les autres ; puisqu’il a fait ce qu’il devrait.
Cette hostilité a été démontrée par certains exilés par l’érection de barricades afin d’empêcher l’émissaire du gouvernement d’échanger avec eux, expression visible de la réalité que l’on ne saurait cacher avec quelques doigts. La réconciliation commence dans la tête et par la tête. Il est question d’identifier clairement qu’elles sont ces têtes qui devraient se réconcilier et qu’elle est cette tête-là qui devrait tenir cette réconciliation. Sinon, tout n’est que théâtre !
La délégation de Mariatou Koné comprenait des membres du ministère de la Défense pour les questions de sécurité et de restitution de biens, celui de la jeunesse pour dit-on la réinsertion et l’encadrement des jeunes, du ministère de l’éducation nationale encore dit-on pour la réintégration des élèves et l’équivalence pour ceux ayant obtenu des diplômes au cours de leur exil. Mais aussi, le président de la conférence épiscopale ivoirienne monseigneur Alexis Touabli. Louable !
Mais de très loin, les soldats observent le sort réservé aux premiers qui ont effectué le retour. La sérénité ne peut se trouver que dans le traitement réservé aux premiers qui ont osé revenir si tant est que la réconciliation est dans les cœurs et frappe aux portes des cœurs. La révision des méthodes de traitement des revenus doit être aux cœurs des actions posées en Côte d’Ivoire.
Ce qui la rassure, c’est qu’elle, l’Envoyée du chef d’Etat ivoirien a reconnu que de nombreux exilés ont exigé, des garanties sécuritaires avant d’être rapatriés. Mariatou Koné, citant même le cas de certaines personnes arrêtées à leur retour en Côte d’Ivoire malgré les promesses du gouvernement. Alors qu’elle y était chargée de promesses.
Le retour des réfugiés est-il un réel enjeu majeur pour le pouvoir d’Abidjan ? Car plus de six ans après la fin de la crise provoquée par ce qui est vu comme le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara, sur conseils de la communauté internationale, le temps est en Côte d’Ivoire, toujours divisé, entre pro-Ouattara lui, adossé à Bédié et Pro-Gbagbo. La recherche de la réconciliation se poursuit. Qu’en pensent les dozos? Le mur de méfiance !
HERVE MAKRE
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