Un contre-pied parfait aux Résidents de Banco Nord Extension 2 de la zone industrielle de Yopougon. Ils hurlent en sortant d’un rêve. De la fine manière, ils ont été lobés par le ministère de la Construction. Le directeur technique de la Maire qui ne semblait pas être préoccupé par cette
affaire opposant les riverains de Yopougon-Zone industrielle à la Mairie a été retrouvé sur les lieux, ce lundi 25 septembre 2023. Sur instruction du nouveau maire Adama Bictogo qui apprécie la malle du sortant ?
C’est que les membres de l’Association des Résidents de Banco Nord Extension 2 (ARBNE 2), forte de 178 familles, manifestent, depuis trois jours sur leur lieu d’habitation et de travail de ferrailleurs de Yopougon-Zone industrielle. Ils constatent ce qu’ils qualifient de violation de leurs droits dans le conflit l’opposant à la Mairie de Yopougon. Avec comme jeux favoris, le piétinement de décisions de Justice lesquelles intimant à la municipalité de mettre un terme aux troubles qu’elle cause au sein des résidents.
»Le litige foncier a été jugé par le tribunal de première instance de Yopougon à la faveur des résidents de cette zone. La Mairie bien qu’ayant connaissance de cette décision a fait venir la gendarmerie nationale depuis le samedi 23 septembre 2023, pour entreprendre des travaux de déguerpissement et de bornage au grand mépris de la décision de justice qui les suspend.
Nous avons présenté la signification et la décision de justice aux gendarmes et aux agents de la mairie. L’agent de la Mairie a rétorqué qu’ils ont été dépêchés par le Directeur Technique et par conséquent, qu’’ils devraient se référer à leur hiérarchie, qui est la Mairie. Mais depuis samedi jusqu’à ce lundi, c’est désolation et la tristesse dans nos rangs», explique, le secrétaire chargé des affaires administratives et juridiques, de l’Association, Coulibaly Sinaly.
L’opération se poursuit malgré la manifestation. Des remorquages de véhicules stationnés sont constatés. Les travaux ont débuté, le samedi 23 septembre 2023 et se poursuivaient encore ce lundi lors de notre passage sur le site. La gendarmerie sécurise l’opération des travaux de bornage menés par le cabinet d’experts géomètre CGESND sur instruction dit-il de la Mairie.
Qu’en disent les agents de la Mairie ?
« Je n’ai pas réussi d’autorisation de ma hiérarchie pour parler à la presse de ce sujet », explique l’agent de la Mairie Bolou, coordonnant les travaux sur instruction du directeur technique de la mairie, Kouamé N’guessan. Ce dernier, après moult hésitations sur le site donnant des instructions fermes pour accélérer le déguerpissement, hier lundi 25 septembre 2023, au troisième jour de l’opération a pu lâcher :
« Ce n’est pas une histoire de journalistes. Nous n’avons pas autorisation de dire quoique ce soit à la presse sur cette affaire. Si vous avez besoin d’informations, référez-vous au maire, Gilbert Kafana Koné. Nous, nous ne sommes que des exécutants venus faire appliquer les instructions d’un mandat ». Face à cette situation, les riverains se sont même vus surpris d’appeler la clémence du chef de l’État, ainsi que du nouveau maire, Adama Bictogo pour se voir reloger et mener leurs activités. Mais les bruits des tracteurs dominent leur voix à la Zone industrielle de Yopougon.
Les faits et à l’origine était le coup du ministère de la Construction
Le 28 février 2023, l’Association des Résidents de Banco Nord Extension 2 (ARBNE 2), avec ses 178 membres assigne la commune de Yopougon prise en la personne de Gilbert Koné Kafana, devant le Tribunal de Première Instance de Yopougon. Et ce, pour qu’elle constate que la parcelle occupée, depuis des lustre par les ferrailleurs, située entre la zone industrielle et la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan est une propriété privé de l’Etat.
Et que la commune de Yopougon n’a ni titre, ni droit sur ladite parcelle. Et que la mairie a démoli sans titre, ni droit la plus part des constructions érigées sur cette parcelle. La mairie a menacé de démolir les quelques maisons encore sur la parcelle alors qu’elle n’a ni titre, ni droit sur le site. Que ses agissements constituent des voies de faits qui ont causé d’énormes préjudices aux résidents et par conséquent de cesser de troubler lesdits résidents.
C’est en 1986 que les habitants du site actuel du CHU de Yopougon, déguerpis ont été réinstallés sur la parcelle du domaine privé de l’Etat de Côte d’Ivoire situé à Yopougon zone industrielle dénommée Yopougon, Banco Nord Extension 2. En 1987, les habitants du site sollicitent du ministère de l’Industrie et du Commerce, l’attribution dudit site à leur profit.
En 1992, la Commission interministérielle d’attribution des lots industriels donne son accord pour le déclassement, la délimitation et le morcellement de la parcelle à leur profit. Mais l’action du déclassement ne se mettra en exécution à pas de course de la tortue. En 2005, la mairie de Yopougon, fait un état des lieux et dresse un rapport. En 2013, la mairie demande une enquête commodo et in commodo en vue de l’approbation du plan de lotissement de la parcelle. Des oppositions sont soulevées suite à l’enquête contre ces résidents installés par l’Etat. De toutes parts la parcelle est sollicitée et convoitée.
Toujours en 2013, le ministère de la Construction et de l’urbanisme charge la direction de la topographie et de la cartographie de mener une expertise sur la parcelle. Le ministre exige de l’Association des Résidents de Banco Nord Extension 2 le paiement de la somme de 3 millions FCFA dont elle s’acquitte avec empressement.
En 2021, le ministère de la Construction demande à la direction du cadastre de Yopougon l’état foncier de la parcelle. Celle-ci répond qu’elle est une réserve administrative. Le ministère de la Construction demande alors à la mairie de Yopougon de procéder à une enquête publique sur le site à l’effet de faire connaitre les résultats dans un délai de 30 jours.
Alors que le ministère de la Construction est dans l’attente que le 5 aout 2021, la mairie de Yopougon fait servir aux résidents et ferrailleurs, une mise en demeure d’avoir à déguerpir dans un délai de 72 heures.
Mais un bel exploit est réalisé. C’est que, sans que les résidents ne s’en aperçoivent et avec sans trop gros bruit, le ministère de la Construction et de l’Urbanisme, par Arrêté N°160001/MCU/DGUF/DDU/COD-AO-sn pris en 2016 a déjà attribué le site au ministère de la Santé et de l’hygiène publique (aujourd’hui associé à la couverture maladie universelle) qui en devient l’unique propriétaire. L’Association des Résidents de Banco Nord Extension 2 (ARBNE 2), poursuivait l’ombre.
Cependant, la Justice continue de parler à l’oreille de la maire de Yopougon qu’elle n’a ni titre, ni droit sur la parcelle et ne peut valablement procéder à des mises en demeure et démolitions de constructions et d’habitations érigées par les habitants. Une décision du Tribunal dont l’expédition disponible a été transmise à la mairie de Yopougon, depuis le 11 septembre 2023. Mais depuis cette date, elle ne recule plus et ne s’arrête plus avec ces tracteurs.
Qui, du ministère de la Santé, de la Mairie ou de la Justice fera droit à l’Association des Résidents de Banco Nord Extension 2 (ARBNE 2) ? Elle qui s’est acquittée du paiement de 3 millions de francs CFA pour une expertise sur une parcelle de terre qui disparaissait sous ses pieds, depuis 2016 avec une insidieuse malice du ministère de la Construction ? Adama Bictogo commence à apprécier Yopougon.
LEDEBATIVOIRIEN.NET
HERVE MAKRE
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