Urgent-Bénin: mais  pourquoi Patrice talonne les droits humains avec le retrait du pays de la Cour Africaine 

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Les démocrates du monde entier ont du mal à s’expliquer la décision du gouvernement béninois de se retirer de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) dans une lettre datée du 21 avril 2020. Selon, Amnesty International «...Ce retrait intervient dans un contexte où le gouvernement a multiplié les atteintes aux droits humains, en particulier à la liberté d’expression ».

Patrice Talon 1«La décision de retirer aux individus et organisations non gouvernementales le droit de soumettre directement des plaintes à la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) marque une étape supplémentaire dans la répression grandissante des voix dissidentes au Bénin »,  déclare Amnesty International le vendredi 24 avril 2020.

Qu’est-ce qu’il peut bien motiver une telle décision du gouvernement béninois ? Nous savons que la stratégie de règne de tous les dictateurs est de se soustraire des regards et des droits de toutes les institutions internationales qui pourraient être un obstacle à la mise en œuvre de leur plan d’oppression et de persécution de leurs concitoyens. Car, après avoir bâillonné la presse nationale et nommé aux postes de la magistrature supérieure des « copains » ou des inconditionnels de sa personne et de ses décisions, ces dictateurs s’attaquent ensuite aux institutions internationales de régulation du respect des droits humains.

police republicaine new 01Le Président du Bénin, Patrice Talon vient de se hisser au rang de ces fossoyeurs des libertés individuelles et collectives voire des droits humains en prenant la  décision de retirer son pays de la CADHP. «Cette décision qui a pour effet de bloquer l’accès direct des individus et des ONG à la Cour africaine constitue une véritable régression de la part du gouvernement béninois en matière de protection des droits humains,» a déclaré Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Patrice Talon est dans une logique de règne sans opposition au Bénin. Car, depuis son arrivée à la tête du pays, les élections dans l’ancien Dahomey sont organisées au détriment de l’opposition béninoise. Caution exorbitante pour la présidentielle et conditions d’organisation peu démocratiques des élections locales. Toutes ces décisions et attitudes de Patrice Talon frisent la dictature d’un homme qui pourtant criait hier sous tous les toits que son prédécesseur l’ex-président Yayi Boni était contre sa personne et la démocratie au Bénin. Aujourd’hui, on retrouve un Patrice Talon, tout feu tout flamme, dans une dynamique de Chef d’État autoritaire et dictateur.

opposition béninoiseLe peuple béninois peine à jouir d’une justice indépendante pour le respect des droits humains au Bénin. C’est ainsi que «La semaine dernière, la Cour (CADHP, NDLR) , saisie par l’opposant politique Sébastien Ajavon, a ordonné aux autorités de suspendre la tenue de l’élection des conseillers municipaux et communaux en tant que mesure provisoire, jusqu’à la décision de la Cour sur les allégations portées par l’opposant». C’est pourquoi en guise de représailles le Président béninois, Patrice Talon a sectionné la seule voie de recours juridictionnel sous régional de l’opposition par le retrait de son pays de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

TALONL’heure est grave pour les droits humains et la démocratie au Bénin si nous nous référons aux propos de la directrice d’Amnesty international pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale, « Nous appelons les autorités à revenir sur cette regrettable décision qui est une attaque de front aux droits humains (…) La Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples est une fois de plus la cible d’attaques politiques de gouvernements peu respectueux des droits humains. Le Bénin par ce geste sape les efforts de construire un système régional crédible et efficace de protection des droits humains », a déclaré Samira Daoud.

benin protests okPour un rappel du contexte de crise dans lequel vit actuellement le peuple béninois, Amnesty International nous apprend qu’ « une vague d’arrestations arbitraires de militants politiques et de journalistes et la répression des manifestations pacifiques avaient atteint un niveau alarmant l’an passé dans le pays, lors des élections législatives du 28 avril 2019. Alors qu’Internet  a été coupé dans tout le pays le jour du scrutin, Amnesty International avait documenté, entre ce jour et le 2 mai 2019, la mort par arme à feu d’au moins quatre personnes, dont un homme de 19 ans et une femme de 37 ans . Le 31 octobre 2019, le Parlement a voté «l’amnistie pour l’infraction pénale» commise,  lors des violences liées aux manifestations qui ont suivi les élections parlementaires.

PATRICE TALON LEDEBATIVOIRIEN.NETCette amnistie s’applique à toutes les personnes suspectées de crimes durant la période postélectorale, à la fois aux membres des forces de sécurité et aux citoyens ordinaires. Cette loi viole le droit des victimes de ces crimes à obtenir justice et réparations.

En moins de deux ans, au moins 17 journalistes, blogueurs et militants politiques ont été poursuivis au titre de la loi numérique n ° 2017-20 du 20 avril 2018, qui comporte des dispositions répressives restreignant le droit à la liberté d’expression et la liberté des médias au Bénin. L’année dernière, les autorités béninoises ont expulsé l’ambassadeur de l’Union Européenne, accusé d’ingérence dans les affaires intérieures.

H.K.

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