L’UNJCI, (l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire) ; l’OJPCCI (l’Organisation des journalistes professionnels de Côte d’Ivoire) et Le CNP (Conseil national de presse) ont clos, ce lundi 19 septembre 2016, la série d’entretiens-consultations de l’équipe chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution ivoirienne avec la société ivoirienne.
Dans son QG à Sofitel Hôtel Ivoire où il s’est enfermé, voilà trois mois avec son équipe d’Experts afin de doter la Côte d’Ivoire d’une nouvelle Constitution, le professeur de droit public, Ouraga Obou aux détours d’une rencontre ouverte et de confidences, ce lundi 19 septembre avec les bureaux des organisations des journalistes membres de l’UNJCI et l’OJPCI conduits par les présidents, Moussa Traoré et Olivier Yro, lève un coin de voile sur la tâche confiée par le Président, Alassane Ouattara.
Objectif d’une telle démarche: recueillir les avis et propositions ou suggestions des journalistes relativement à la nouvelle constitution.
Un temps de propositions ? C’en n’était véritablement pas un ! mais plutôt d’éclairages à l’endroit des hommes de médias, sur la démarche et la méthodologie adoptées par les experts face aux critiques et autres observations soulevées par l’opposition et la société civile ivoirienne devant le projet constitutionnel. De larges extraits des explications du président du groupe des experts, le professeur Ouraga Obou:
Pourquoi une telle démarche ?
«Nous avons travaillé et cela nous a valu des critiques parce que les ivoiriens s’interrogent sur leur Constitution. Toutes ces critiques sont fondées, mais il faillait obtenir notre brouillon avant d’aller rencontrer le Président de la République. Nous avons rencontré, la chefferie traditionnelle, les partis politiques, la société civile, et nous avons décidé de terminer par les journalistes parce que nous ne pouvons faire la rédaction de la Constitution et ne pas interroger la presse. Pourquoi maintenant, c’est un choix ! ».
Pourquoi nous ne communiquons pas et de quoi s’agit-il ?
«C’est parce que dans le mode opératoire, nous préparons un avant-projet de constitution. Nous rendons compte au Président de la République, c’est à lui qu’il faut rendre compte, c’est lui qui est à l’initiative. C’est lui la bouche de l’équipe des experts.
Il nous fallait faire vite, car nous avons un problème de calendrier, parce que les futures législatives doivent être organisées en tenant compte de la nouvelle constitution.
Alors, il nous faut être clair: il ne s’agit pas de réviser la Constitution. Mais, il s’agit de l’élaboration d’une nouvelle Constitution. La révision est technique, puisqu’elle est prévue par la Constitution.
Mais l’élaboration est politique, parce qu’aucune constitution ne dit dans ses dispositions, comment faire une nouvelle constitution. Il n’y a pas une formule écrite pour rédiger une nouvelle constitution. Son élaboration est politique. Elle peut être à l’initiative du Président de la République, ou du peuple avec le président du parlement, et qui débouche sur un referendum. Donc, les voies d’une nouvelle constitution sont multiples. En 1960 il y a eu l’adoption de la Constitution, c’est la première (1ère) République, en 2000 il y a eu une nouvelle constitution, c’est la deuxième (2ème) République. Si au terme du processus, la nouvelle constitution est adoptée, nous passerons à la troisième (3ème) République ».
Et l’opposition ?
Face aux multiples attaques de l’opposition, ce que pense le président du groupe des Experts :
« L’opposition est dans son rôle ! Houphouët-Boigny a dit au sujet du parti communiste on peut mourir pour un idéal, on peut mourir pour un but, mais pas pour un moyen. L’équipe des Experts ou l’assemblée constituante, c’est un moyen. Si nous ne sommes pas d’accord, il faut faire campagne. Si le non l’emporte lors du referendum, on continue avec²la Constitution de 2000 et nous restons dans la deuxième république, il n’y aura pas de vide juridique ».
Auteur de la rédaction
Interrogé sur les auteurs de la rédaction de l’avant-projet suspecté d’être l’œuvre de juristes français, voici ce dit le professeur Ouraga Obou :
«Cette équipe d’experts est composée entre autres de monsieur Tano, il est professeur agrégé de droit privé, du Pr Mélèdje, agrégé de droit public; de Dr Allah, enseignant de droit privé, de Dr Koffi, enseignant de droit privé, de Dr Silué, enseignant de droit, de Ouraga Obou, agrégé de droit public, président de la commission de rédaction de la constitution de 2000, président du comité des experts.
Les membres de cette commission cités ne sont-ils pas qualifiés ? Il n’y a pas eu de projet soumis à cette équipe. N’est-elle pas assez qualifiée pour proposer un projet de constitution ? Ce sont à partir des notes du Président de la République que nous avons travaillé. Ces propositions concernant certaines institutions, à savoir, la vice-présidence, le Conseil Economique et Social, le Sénat, la Chambre des Rois, etc.
La procédure été longue. Ce sont plus de 100 articles, et des négociations ont lieu, lors des séances de travail avec le Président de la République. Ce ne sont pas toutes ses propositions que nous acceptons. Nous négocions.
Il n’y a pas toujours accord absolu avec lui. Nous lui avons fait nos propositions, nous sommes des enseignants de droit, nous sommes des professeurs. Moi je ne le connaissais pas avant, mais c’est un Président ouvert avec qui nous travaillons.
Nous avons pris notre constitution, et plusieurs autres constitutions, nous avons rédigé notre projet de constitution. Personne n’a écrit cette constitution à notre place. C’est une constitution ivoirienne, une constitution des Ivoiriens. Pourquoi des personnes étrangères l’écriraient. Cette équipe est qualifiée ».
Et l’état d’esprit ?
«Est-ce que nous sommes sereins ? Non ! Mais cela ne veut pas dire que nous ne savons pas ce que faisons. Nous sommes stressés. Moi je vis un double stress. Nous avons la pression extérieure, intérieure. Mais c’est pour éviter de se tromper que nous faisons ces rencontres. C’est une aventure fabuleuse pour nous. Mais pas facile. Le mercredi, 22 septembre nous devons remettre notre rapport au chef de l’Etat».
Les journalistes attendent de voir si leurs propositions figureront dans la nouvelle constitution, consacrant la liberté totale de la presse.
HERVE MAKRE
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